Appel sur la Syrie

Appel pour la paix en Syrie

15 août 2012

Nous voulons la paix en Syrie et au Moyen-Orient. Nous observons avec préoccupation l’intensification du conflit syrien et le rôle que joue la Suisse dans cette situation humanitaire alarmante.

Des milliers de Syriennes et de Syriens ont été tués ou sont dans une situation de terreur. La violence augmente constamment, réduisant les chances d’une solution politique et pacifique.

Le dialogue entre le gouvernement, l’opposition et la société civile est la condition préalable à la résolution du conflit. Les efforts de paix parmi la communauté internationale, notamment le plan de Kofi Annan, partaient de cette exigence. Or, tous les efforts n’ont pas été dans ce sens. La livraison d’armes, le soutien logistique à la lutte armée et la rhétorique de guerre orchestrés par les gouvernements occidentaux, les monarchies du Golfe et le gouvernement turque détruisent tout espoir de paix.

Il n’y a que les Syriennes et les Syriens qui ont le droit de changer selon leurs souhaits la situation dans leur pays. Cependant la souveraineté du peuple syrien n’est pas respectée et de ce fait le droit international est brisé. Les conséquences sont claires : la déstabilisation de la Syrie et de toute la région.

La Suisse et son industrie d’armement sont également impliquées dans les conflits qui touchent le Moyen-Orient. Lors du cas libyen, le Qatar a fournit des armes suisses aux rebelles. Suite à une suspension temporaire, l’autorisation des exportations d’armement vers le Qatar fut rétablie. Les autorités suisses ont été satisfaites par l’explication officielle : la reconnaissance par ce pays d’une erreur. Il n’est pas étonnant qu’avec un laxisme pareil, nous retrouvions aujourd’hui des grenades suisses entre les mains des rebelles syriens, rendant la Suisse complice de l’instabilité dans la région.

Au même moment, la Suisse érige des sanctions contre la Syrie qui détériore encore plus la situation du peuple syrien et encourage les rebelles à poursuivre la violence. Le département fédéral des affaires étrangères a également financé une réunion de l’opposition syrienne destinée à préparer une solution suite à un éventuel renversement du gouvernement syrien. Le gouvernement suisse foule aux pieds la neutralité et compromet ses engagements pour la paix et les solutions multilatérales.

Les faits ne se limitent pas à l’ingérence dans les affaires internes syriennes et le soutien aux forces islamistes radicales. Le danger d’une intervention armée étrangère est bien réel. Le président français François Hollande parle ouvertement de guerre contre la Syrie. Il s’inscrit dans le canon des fauteurs de guerres et des rêveurs d’une intervention, qui aimeraient par une action militaire pousser la Syrie dans le chaos à l’instar de tous les pays envahis par les forces de l’Otan.

Nous opposons un refus clair à toute intervention militaire en Syrie. Une guerre comme celle contre la Libye ne doit pas être répétée. Des milliers de gens ont péri sous les bombes de l’Otan. La force des armes ne construit pas la démocratie mais les cimetières.

Nous attendons la même posture de la part du Conseil fédéral. Concrètement nous demandons :

1. De respecter strictement la souveraineté du peuple syrien et de traiter toute ingérence dans les affaires internes syriennes comme une violation du droit international.

2. De rompre les relations (commerciales) avec les pays qui ne respectent pas la souveraineté de la Syrie et qui promeuvent une politique de l’escalade contre ce pays.

3. De récuser toute rhétorique de guerre et d’intervention militaire à l’encontre de la Syrie.

4. De s’opposer à toute résolution de l’ONU qui augmente la pression sur la Syrie et qui de ce fait pourrait aggraver les tensions.

5. De suspendre les sanctions contre le peuple syrien.

6. De s’assurer que l’espace aérien et terrestre suisse ne soit pas utilisé militairement contre la Syrie.

7. De cesser toutes les exportations d’armes.

Les Etats d’Europe de l’Ouest, dont la Suisse, doivent contribuer à trouver une solution en dehors d’un conflit armé. Pour cela il faut renoncer à l’escalade guerrière et au langage des armes. Les peuples peuvent contraindre leur gouvernant à changer de politique, c’est dans cette perspective que nous proposons notre appel pour mettre fin à l’ingérence en formant un large mouvement en faveur de la paix.