Le féminisme est-il compatible avec l’économie de marché?

A l’occasion de la Journée internationale des femmes, 8 mars 2018

téléchargementChaque année, les syndicats commémorent les luttes des femmes lors de la journée du 8 mars. Le programme se centre généralement sur la problématique des inégalités économiques entre hommes et femmes. Cependant, une nouvelle mouvance issue des milieux universitaires semble s’installer avec des revendications identitaires contre les formes les plus diverses de discrimination. Les deux courants, complémentaires, manquent pourtant cruellement d’un modèle de société sur lequel se baser pour une émancipation de toutes et tous.

Il en était tout autrement lors de l’instauration de la journée internationale des femmes. Elles manifestaient à l’époque sous l’influence du socialisme. Les revendications concrètes étaient mises à contribution d’une lutte révolutionnaire. Les femmes ouvrières jouèrent un rôle de premier plan dans la prise de pouvoir par les bolcheviks. Et la Russie soviétique décréta les lois les plus avancées pour les droits des femmes.

Aujourd’hui, les féminismes sont influencés, en premier lieu, par une tradition réformiste prônant une lente transition vers un système égalitaire et, ensuite, par un corpus théorique universitaire libéral. Leur point commun est l’acceptation de l’économie de marché. L’égalité et les libertés pourraient, selon ces courants, se réaliser sans transformer le système économique à la racine.

L’existence d’un discours anti-sexiste, antiraciste, anticolonialiste et anticapitaliste ne remet nullement en cause la thèse précédente. Bien au contraire, cela confirme une révolution du langage dissociée de la lutte de classes. En réalité, cette prudence vis-à-vis de la définition d’une société nouvelle provient d’un postulat parfaitement bien énoncé par Michel Foucault de la manière suivante : « Si on cherche tout de suite à donner le profil et la formule de la société future sans avoir bien fait la critique de tous les rapports de violence politique qui s’exerce dans notre société, on risque de les laisser se reconstituer… »

Ainsi, les activistes se consacrent souvent à l’énumération infinie des rapports de domination existants entre différents groupes sociaux. Les rapports de classes ne deviennent qu’un facteur parmi d’autres dans l’équation. Et l’horizon se résume bien souvent à l’addition des différentes luttes sectorielles sans tenir compte des facteurs qui conduisent réellement le changement social.

L’autre versant, celui de l’égalité salariale, se fourvoie par ailleurs à vouloir l’imposer aux entreprises privées sans remettre en cause explicitement le système capitaliste. Le principe de la concurrence, en tant que liberté économique, est fondamentalement contraire au principe d’un salaire égal pour un travail égal, y compris parmi les hommes. Le but de cette initiative vise simplement à atténuer les effets inégalitaires mais n’est-il pas venu le temps de remettre en cause le capitalisme?

Pour la Jeunesse communiste, seule la transformation du système économique, et les luttes immédiates qui s’y inscrivent, pourront garantir l’égalité sociale et de nouveaux droits individuels et collectifs. L’avènement de ce nouveau système, le socialisme, ne peut être assuré que par la lutte commune des travailleuses et des travailleurs.

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